Apprendre à jeûner
Le jeûne consiste à s’abstenir volontairement de tout aliment (solide et liquide), à l’exception de l’eau, pendant une période plus ou moins longue. On va ici faire une différence entre le jeûne pratiqué en sécurité pour l’organisme, et l’inanition, qu’il faut absolument éviter. En effet il ne faut pas jeûner de manière prolongée au point de nuire à la santé.
Pourquoi jeûner ?
Le jeûne est sans doute l’une des plus anciennes approches d’hygiène de vie pour l’humanité. On peut supposer que dans des temps reculés, les premiers chasseurs-cueilleurs, encore très instinctifs dans leurs façons de s’alimenter, se comportaient comme les animaux lorsqu’ils étaient blessés ou malades : on observe que dans la nature, les animaux arrêtent de manger dans ces conditions.
Le mouvement hygiéniste (conception simple et révolutionnaire de la santé, née aux États-unis au début du 19e siècle, à l’initiative de médecins dissidents) à remis le jeûne au goût du jour : une des raison contemporaine de pratiques le jeûne s’inscrit dans le souhait de reposer, détoxiquer et régénérer l’organisme, mais aussi de faire une pause, de s’accorder un temps pour soi.
Le jeûne contribuerait au maintien d’une bonne santé, au même titre qu’une saine alimentation, de l’exercice physique et un bon équilibre psycho émotionnel. Il procurerait en outre un sentiment de clarté d’esprit et de « désencombrement mental ».
Ainsi, les gens qui entreprennent un jeûne le font généralement pour « faire un grand ménage » ou donner au corps des conditions optimales de santé.
Comment ça marche ?
Jeûner vient du latin « jejun are » ce qui signifie « intestin vide ». En effet, le fait de ne plus remplir notre système digestif, lui permet de se reposer et l’énergie ainsi économisée (entre 25% et 50% de l’énergie produite tous les jours) offre une opportunité aux autres organes de se nettoyer en éliminant toxines et graisses accumulées depuis la naissance.
Nous mangeons pour produire de l’énergie, énergie qui va servir à couvrir les besoins de notre corps pour son métabolisme de base (le corps au repos consomme de l’énergie pour couvrir son fonctionnement minimum tel que la respiration, les battements du cœur, la tension musculaire, etc.), mais aussi pour couvrir notre régulation thermique, la croissance ou le renouvellement de nos cellules, notre immunité, etc. Ces besoins sont couverts en grande partie par le glucose, mais aussi par les lipides, et les protéines. Lorsque nous cessons de consommer des aliments pendant le jeûne, notre corps lui va devoir trouver malgré tout, les ressources énergétiques pour couvrir ses besoins vitaux. Il va alors venir puiser dans ses réserves, et c’est là que le nettoyage commence !
Dans un premier temps, nous allons puiser dans nos réserves de glucose circulant, qui s’élèvent à environ 4g ou 5g pour une personne d’1,70m et de 70 kg. Mais cette réserve est très courte, elle dure en effet le temps qui s’écoule entre deux repas.
Puis nous allons venir chercher de l’énergie dans nos réserves de glycogène, qui est une sorte d’amidon animal qui est stocké dans notre foie et dans nos muscles. Cette réserve va varier selon la corpulence des personnes, mais on estime qu’elle peut aller de 6h à 24h.
Lorsque notre réserve de glycogène est épuisée, nous allons utiliser les protéines mobilisables, c’est à dire les protéines usagées, endommagées, pour fabriquer du glucose. Cette filière énergétique est peu rentable pour l’organisme car elle est compliquée. Elle sera transitoire et ne viendra pas solliciter les protéines des muscles ne provoquant pas de fonte musculaire.
Notre corps va alors vite changer de source d’énergie et va venir puiser dans nos graisses ! C’est la grosse ressource du corps, on l’estime à 10kg pour notre personne d’1,70m et de 70 kg. Cette graisse est stockée dans nos cellules adipeuses (sous forme de tryglycérides) réparties dans tout le corps et, principalement autour des glandes, organes, autour des muscles. Par une suite complexe d’opérations chimiques, ces tryglycérides seront transformées en majeur partie (75%) en corps cétoniques et un tout petit peu en glucose (25%), fournissant de l’énergie en quantité suffisante pour alimenter le corps en cette période de jeûne. Ce sont donc ces corps cétoniques, notamment le beta-hydroxybutirate, qui vont venir prendre la place du glucose et fournir l’énergie suffisante au corps pour couvrir ses besoins.
Il faut donc garder à l’esprit que c’est aussi en destockant ces graisses que nous allons remettre en circulation nos toxines, qui étaient prisonnières de nos cellules adipeuses ! C’est ici que pointe toute l’importance de la consommation d’eau en bonne quantité (de 2 à 3L par jour) et du mouvement, pour permettre à notre corps d’éliminer une bonne fois pour toutes ces toxines.
Jeûne ou cure ?
On observe que le terme « jeûne » est très souvent utiliser pour décrire plusieurs types de cures et de jeûnes. Il importe donc de faire une distinction entre le jeûne hydrique et ces cures.
Au cours d’un jeûne véritable, seule l’eau est permise (ou la tisane). La cure est plutôt basée sur diverses diètes restreintes comprenant des jus de fruits, de légumes ou d’herbe de blé, et parfois certains autres nutriments (céréales, pousses, infusions, bouillons, suppléments alimentaires, miel, etc.). Une cure célèbre qui est appelée jeûne est le jeûne Bushinger, qui consiste à consommer 10cl de jus de fruits et légumes ainsi qu’un bouillon enrichi de légumes finement mixés.
Ces cures peuvent être adaptées aux besoins particuliers des personnes qui les entreprennent et varient selon l’approche des écoles/intervenants/réseaux. Ces aménagements permettent aux personnes qui ont des besoins particuliers, qui ne peuvent, en raison de leur santé, vivre un jeûne complet, de s’initier au jeûne par une approche plus douce et d’en retirer beaucoup de bienfaits.
Le jeûne, mode d’emploi
Certains praticiens, en accord avec plusieurs traditions, recommandent les périodes de transition du printemps et de l’automne, mais ceci n’est pas une règle absolue.
La chose la plus importante est de bien respecter les étapes avant et après le jeûne, car elles sont tout aussi importantes que le jeûne lui-même : mal conduites, elles peuvent en ruiner les effets positifs.
La décision de jeûner
C’est une étape à ne pas négliger ! C’est un choix qui doit venir de soit, fait en conscience et non pour accompagner un conjoint, une amie, un parent, ou parce que c’est la mode… C’est ce choix affirmé qui va venir soutenir le jeûneur tout au long du parcours.
La visite médicale
Même si elle n’est pas systématiquement demandée pour participer à un séjour de jeûne, elle est un bon repère pour connaitre son état de santé et sa capacité à entreprendre un jeûne, particulièrement pour les personnes sous médication.
La descente alimentaire ou phase préparatoire
Cette étape consiste à supprimer progressivement des familles d’aliments les jours précédant le jeûne. Elle sera aussi longue que le jeûne lui-même. Ainsi, si le jeûne dure 6 jours, la descente se déroulera sur 6 jours également :
- J-6, on supprimera tout les excitants comme l’alcool, le café, le poivre et idéalement le tabac
- J-5, on supprimera les produits d’origine animale, comme la viande et le poisson
- J-4, on supprimera les sous-produits animaux, tels que le fromage, les œufs, le beurre…
- J-3, on enlèvera les légumineuses tels que les lentilles, les haricots, le soja…
- J-2 on enlèvera les céréales telles que le riz, les pates, le quinoa…
les repas des 2 derniers jours seront exclusivement composés de fruits et de légumes, quelques oléagineux étant toutefois acceptés, ainsi que les huiles végétales de qualité.
Le jour du début du jeûne, pas de nourriture, uniquement des boissons. Souvent, si vous rejoignez un centre de jeûne éloigné de votre domicile,vous pouvez ressentir le besoin d’être soutenu pendant le trajet, dans ce cas, un fruit tel qu’une pomme ou un jus de fruits ou de légumes sont possibles.
La reprise alimentaire après le jeûne
Elle fait partie intégrante du jeûne et il faut y accorder beaucoup de soins ! Pendant cette phase, on va relancer la digestion, étage par étage et on va reconstituer un microbiote de qualité. Comme pour la descente alimentaire, on va avancer par paliers, en réintroduisant petit à petit les différentes familles d’aliments. Pendant cette reprise, on va privilégier au maximum la qualité des aliments en favorisant l’origine biologique des produits. Les deux premiers jours de reprise, on réintroduira les légumes crus ou décrudits et les fruits, l’assaisonnement sera possible mais uniquement en petite quantité et avec des huiles de qualité, ou du citron.
A J+3, on pourra réintroduire les céréales, a J+4, les légumineuses, à J+5, les sous-produits animaux (œufs, fromage) et à J+6 les protéines animales (viande, poisson). On retardera le plus possible la prise des excitants comme le café ou l’alcool !
Jeûner seul(e) ou accompagné(e) ?
Vers qui se tourner pour se renseigner sur le jeûne ?
Pour déterminer la durée et le type de jeûne, vous pouvez vous renseigner auprès des spécialistes formés aux jeûnes comme les naturopathes). Ces professionnels se renseigneront sur votre état psycho-émotionnel et certains facteurs biologiques : âge, sexe, poids, force vitale, degré d’intoxication et gravité des affections afin de vous proposer la solution la plus adaptée à votre situation.
Peut-on jeûner chez soi ?
Oui, bien sûr ! On pourra opter pour le jeûne à domicile pour des jeûnes courts de 1 à 3 jours. Au delà, s’éloigner de son lieu de vie est préférable, car ce n’est pas toujours simple de résister aux placards bien remplis ni aux repas de famille. De plus l’immersion en pleine nature permet un temps de ressourcement qui aura bien du mal à se mettre en place si vous vivez en milieu urbain et que vous continuez à travailler en jeûnant.
Le jeûne en centre de bien-être
Aujourd’hui il est possible de jeûner un peu partout en France (et aussi à l’étranger) dans des lieux privilégiés avec un encadrement adapté. Il existe à ce jour plusieurs réseaux qui permettent de choisir un lieu selon des critères de géographie, de confort et de budget. Parmi ces réseaux on peut trouver le réseau historique de la Fédération Française de Jeûne et Randonnée, le réseau Clairière et canopée avec une offre haut de gamme, et Eco-jeûne qui propose des tarifs très abordables.
Il est aussi possible de faire appel à des organisateurs hors réseau, souvent des naturopathes proposant des séjours en petits groupes, voire même de constituer des groupes et de faire une demande auprès d’un naturopathe expérimenté dans le jeûne.
Les contre-indications au jeûne
Le jeûne hydrique est contre-indiqué en cas de fatigue importante, de troubles alimentaires tel que l’anorexie, de pathologie infectieuse, de cardiopathie, de maladies rénales, de cancer, , de psychose non stabilisée, de diabète et d’hypotension artérielle inférieure à 8. Il est également contre-indiqué pour les femmes enceintes ou allaitantes, les nourrissons, les enfants.
Si vous suivez un traitement médicamenteux, veuillez demander conseil à votre médecin traitant avant d’entreprendre un jeûne.
C’est en 2016, pendant ma formation au Cenatho en tant que Praticienne de santé naturopathe que j’ai découvert le jeûne.
J’ai découvert la pratique du jeûne en 2016, et j’ai tout de suite su que voulais encadrer des séjours de jeûne, car cela alliait tout une panoplie d’activités qui me permettait de faire de la « naturopathie appliquée ». J’ai donc exercé pendant 6 ans, de 2017 à 2022 en tant que Naturopathe encadrante et responsable de séjours de jeûne ainsi que praticienne de massages bien-être, pour des réseaux différents, comme Jeûne et Randonnée et Jeûne & Bien-être. Cette expérience a été très enrichissante et formatrice, car animer plus d’une trentaine de stages m’a permis de rencontrer énormément de personnes différentes. Cela m’a également permis de constater la puissance de la naturopathie en pleine action.
Je pratique très régulièrement des jeûnes de 6 jours, soit en séjour organisé, soit chez moi dans la Creuse, en pleine nature.